Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 juin 2023 5 30 /06 /juin /2023 17:56

Ceci n’est pas une histoire d’amour

Ed Quelque chose

 

Le nom des éditions interpellent avant d’avoir lu la première lettre de ce petit, tout petit livre.

Pas de nom d’auteur sur la couverture, juste le titre et le nom de la maison d’édition.

C’est quelque chose, quand même, non ? Ce n’est pas rien !

D’ailleurs, pour verser du côté de la philosophie, pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

Ceci n’est pas une histoire d’ amour. Soit.

Ou peut-être que si, annonce l’éditeur dès la première ligne. Bon.

D’amour, il sera donc question, et d’un tableau qu’on peut aller voir sur internet : l’Allégorie du Triomphe de Vénus de Bronzino.

Je n’y suis pas allée, enfin pas tout de suite. Après. A la fin de la deuxième lecture seulement. Car après avoir terminé la première lecture, j’ai dû reprendre le début que je n’avais franchi qu’avec difficulté, comme en mer la barrière des vagues. J’avais ensuite nagé avec bonheur dans l’océan du texte, me laissant porter par la grâce, le style, l’ironie, l’intelligence du propos.

Au début, la difficulté vient de ce que le lecteur ne sait pas de quoi ça parle. Un pronom « y »mis pour on se sait quel nom. « Nous pensons y être habitué ».

La suite ne nous éclaire guère, de quel nom ces pronoms sont-ils les substituts ? A quoi pensons-nous être habitué ?

A l’amour, ai-je fini par penser. Oui, l’amour sans doute. Nous pensons être habitué à l’amour.

A l’amour de la pensée et/ou à la pensée de l’amour. Peut-être.

Ce n’est pas une histoire, en tout cas, ou alors, celle du narrateur et du fond d’écran de son ordinateur. : un tableau de Bronzino, un peintre italien du XVIème siècle, maniériste un peu oublié, inconnu pour moi, exposé quand même à la National Gallery à Londres, où le narrateur ne va pas le voir.

Pas vraiment une histoire, donc, plutôt un encerclement par l’écriture de ce tableau. Un chemin. Celui de l’écriture qui ne mène nulle part, mais qu’il faut poursuivre puisque « vivre ne suffit pas ». Et que « chaque instant sans aimer est une ligne sans encre à jamais inécrite. »

A partir de là, j’ai su que j’étais prise dans le fil, ou le filet du texte que je ne lâcherais plus jusqu’à la fin, même quand certains tours ou détours, certaines références m’échapperaient.

Faux-pas, façon Blanchot, ou faux titre : Le triomphe de l’Amour, j’ai suivi le narrateur dans « les filets labyrinthiques de son esprit » , dans les détails d’un tableau que je n’avais pas besoin de connaître pour en apprécier la vue.

Ce que je lisais n’était pas une histoire d’amour mais  « … une histoire contrastée de l’amour -singulière et plurielle, comme de manière spéculaire l’est notre identité ». Cet « oxymore visuel », ainsi que le narrateur qualifie le tableau, se reflétait dans le texte, m’ouvrant à la jubilation de penser.

Jubilation, un mot que j’aime.

Cette étonnante capacité de notre cerveau ne cesse de m émerveiller, et rien n’est plus jubilatoire que ce qui la suscite : ce qui me donne à penser, ce qui me fait penser.

L’art de l’auteur, Alain Giorgetti, on trouve quand même son nom en page de titre, tient – entre autres - au mélange des genres auquel il se prête. Corps et désir, matière et pensée, érudition et ironie, sa langue malaxe l’un avec l’autre, sans dialectique mais avec gourmandise. Faut-il parler de poésie ? Oui, sans doute, une prose poétique qui tire la langue, pardon pour la répétition, à la poésie.

Il a fallu à l’auteur le détour par le tableau, le livre et enfin le lecteur pour dire à « la voix astéronyme dédicataire de ce texte » le dernier mot : « je t’aime ».

Quelle merveilleuse déclaration !

Pour le trouver contacter leseditionsquelquechose@gmail.com

Partager cet article

Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de ailleursestici.over-blog.com
  • Le blog de ailleursestici.over-blog.com
  • : Commencé à mon arrivée à la résidence d'auteur des Avocats du diable, ce blog vous propose une chronique choisie des événements du jour...
  • Contact

  • marie-flo
  • en résidence d'auteur chez les avocats du Diable, au Diable-Vauvert... chroniques des jours qui passent
Dernière publication Avec ou sans papiers 9 nouvelles aux Ed. Chant d'orties
  • en résidence d'auteur chez les avocats du Diable, au Diable-Vauvert... chroniques des jours qui passent Dernière publication Avec ou sans papiers 9 nouvelles aux Ed. Chant d'orties

Recherche

Liens