Retour à Paris sous la pluie et la grisaille comme il se doit...
Le retour est morose, tout le monde est occupé, préoccupé, fatigué...Seul mon chat semble vraiment heureux de me revoir ! Le voyage a été long depuis que Sidiki m'a laissée à l'aéroport de Bamako dans lequel quelques jours plus tôt je jouais les figurantes. Attente, contrôle, vol, contrôle, attente, attente, contrôle, vol et puis le bus, le RER, le bus encore les quatre étages sans ascenseur...
Je me sens orpheline de l'équipe qui m'a si chaleureusement entourée durant tout mon séjour.
Le soleil se lève le lendemain matin, bien sûr ce n'est pas la même chaleur mais c'est le soleil, le plaisir d'entendre des voix amies, de prévoir des rencontres, d'aller chercher mon petit-fils à l'école, d'accueillir la famille. Sans oublier bien sûr ceux que je viens de' quitter et qui continuent.
Je n'ai pas pris de photos depuis mon retour, mais j'en ai une belle collection des derniers jours durant lesquels je n'ai pas pu tenir ce blog devenu inaccessible.
DERNIERS JOURS A BAMAKO
Petit retour en arrière, donc.
Nous avons dû quitter Kabala dès jeudi soir, et la vie communautaire que nous y menions.
Heureusement, Fanny qui m'avait invitée à venir chez elle pour profiter de notre vendredi de repos en ville m'a accueillie avec ma valise pour ces derniers jours, que j'ai donc passés entre sa maison et son auberge. Quel bonheur d'avoir un jardin à arroser! De se lever à l'heure des petits balais, qui font sur l'argile sableux un bruit doux qui se répète devant chaque porte, dans la fraîcheur rose du matin.
De s'installer sur ce lit que vous voyez ci-dessus pour lire ses messages.
Je profite donc de ce vendredi pour retourner au marché N'golonina faire mes dernières emplettes pour les amies en France, et puis je vais au CCF où j'admire une étonnante exposition de Sadikou Oukpedjo, artiste congolais
Admirer Bamako du haut de l'ancien ministère de la culture
Aller déjeuner au bistrot le Bafing , dans une rue tranquille du quartier du fleuve,
Un endroit rare, me dira Fanny, spacieux et aéré, joliment décoré, service aimable et rapide, brochettes délicieuses et bon marché...
Et que dire de la gentillesse du patron Ibrahim, artiste lui aussi qui m'offre un des pagnes qui couvrent les tables. Je les trouvais si jolis que je voulais en acheter un, il me l'offre et y ajoute un bazin superbe
Retour à l'auberge Djamila après ce déjeuner tardif.
Le soir diner très nocturne avec Fanny et des amies à elle dans une rue éclairées de néons bleus qui font de la rue entière une sorte de boite de nuit comme il y en a semble-t-il plusieurs.
Ou bien est-ce la veille que nous avons dîné ensemble... peu importe !
Reprise du tournage
Scène difficile pour Dominique (alias Fanny) qu'on retrouve ligotée et bâillonnée dans le coffre d'une Mercedes noire.
La scène se passe près de la gare (coucou Sophie, tu te souviens de la gare de Bamako lors de notre premier voyage en 1987. Nous y arrivions de Dakar après 40h de train.) à midi en pleine chaleur... je vous laisse deviner le stress pour elle!
Il faut emmêler ses beaux cheveux.
La voilà prête
tandis que je me prélasse sur la moto d'un comédien et que les techniciens ajustent la caméra
L'après midi nous filons ailleurs et je découvre les quartiers nantis, cité administrative et autres constructions ambitieuses, pas toujours occupées d'ailleurs, qui dessinent une ville presque imaginaire, déserte et irréelle, dont j'attrape les silhouettes à travers la vitre du Toyota.
Les bords du Niger eux-mêmes sont méconnaissables.
Le lendemain matin, je reste à traîner dans le jardin de l'auberge où je saisis non sans mal un de ces minuscules oiseaux rouges, et un autre moins coloré et aussi minuscule.
Je traverse le Pont des Martyrs en Sotrama et rejoint le CNCM à pied, très contente de m'y retrouver désormais assez dans la ville pour le faire!
J'attends le retour de l'équipe, occasion de faire connaissance avec Becaye, l'archiviste du CNCM, et la salle des archives (qui me paraît glaciale, conservation des pellicules oblige) Un projet de numérisation de ces archives - dont les plus anciennes datent de 1960, indépendance du Mali - est en cours mais la chose est coûteuse et délicate.
J'ai le temps de faire la connaissance d'Assane Koné, journaliste au journal Le Républicain, et créateur d'un excellent journal en ligne (je suis allée voir depuis)
avant que l'équipe revienne déjeuner ici.
L'après midi est courte car ils sont rentrés tard et le soleil baisse dès 17h30, on ne fera donc plus que quelques plans de rue.
Lundi
Dernier jour, j'arrive au CNCM avant sept heures pour prendre le petit déjeuner avec l'équipe et ne pas manquer un instant de cette dernière journée.
Nous partons rapidement pour la maison du marabout... Je cueille au passage deux vues du fleuve
Nous arrivons dans la cour du géomancien où se fabrique labière de mil dans ce gros foyer de pierre où brûle un feu incessant...
Notre réalisateur, magnifique dans son ensemble aux couleurs de soleil et de terre, s'imprègne des lieux, calcule la lumière, ajuste le geste...
Fatou, la belle sénégalaise, alias Viviane Mina Sidibé et Rokhia l'Albinos alias Assetou Diallo, sa fille dans le film, son prêtes. L'équipe technique se prépare aussi.
Gounanda mon élégante scripte toujours en pleine concentration
et Pinda au grand coeur qui recouvre de son grand rire de secrètes profondeurs.
Et voici le géomancien, le féticheur, le grand marabout lui-même, en grande tenue, et qui joue son propre rôle...
Tout en haut au milieu des feuillages, c'est le perchiste, que j'adore, et qui fut autrefois le petit garçon de Nyamanton.
je fermerai cette belle séquence baimakoise sur un portrait du candidat Mustaph Traoré, alias Hamadan Kassongué dont les clairs yeux dorés ont des transparences magiques!
Merci à ceux qui m'ont accompagnées tout au long de cette aventure qui continue sans moins et dont on verra le résultat l'année prochaine sur les écrans parisiens, à Cannes peut-être et à Ouagadougou pour le Fespaco 2015.
Longue vie à Rapt à Bamako
et merci à tous pour l'aventure partagée.
mais j'allais oublier de mettre sur le blog cette photo de l'auteur, l'oeil dans le viseur de la caméra.
Mise en scène du réalisateur, bien sûr. Jamais je n'aurais voulu gêné ainsi le travail du cameraman!